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Libération

Trop bête pour être malhonnête

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publié le 30 octobre 2000 à 5h55

Washington de notre correspondant

Maintenant que presque tous les sondages le donnent gagnant, il est temps de se poser sérieusement la question: George W. Bush est-il un idiot? Il y a des indices sérieux. Son regard est vraiment étrange. Ses réponses, lors des débats, sont creuses. Ses bourdes sont si fréquentes qu'elles font déjà la joie des collectionneurs (1) et qu'elles ont acquis un sobriquet: les «bushisms». Il dit «agents de l'IRA» au lieu de «agents de l'IRS», (Internal Revenue Service, le fisc), fustige le tyran serbe «Mr Vilosovich», appelle les écoliers à la «préservation» (pour persévérance). Surpassant M. de Lapalisse, il dénonce: «De plus en plus de nos importations (de pétrole, ndlr) viennent de l'étranger.» La semaine dernière encore, il lance à la tribune: «C'est votre argent! Vous avez payé pour l'avoir!» Au moins, se disent les plus résignés, si «W» est élu, il y aura en Amérique quelques instants de gaieté. Pour les commentateurs les plus engagés, pourtant, il n'y a vraiment pas de quoi rire. «Que les journalistes refusent de qualifier de crétin quelqu'un qui pourrait bien être notre commandant en chef est incompréhensible», s'étrangle par exemple Steve Sailer, éditorialiste de Slate Magazine. La semaine dernière, le Washington Post pesait le pour et le contre: et si l'éthique et le sens de l'équilibre des journalistes étaient tels qu'ils en oubliaient de mentionner un détail évident, que Bush est incapable d'occuper le poste? Cette prétendue bêtise est s