Michigan envoyé spécial
Ils sont une dizaine, quinze peut-être, arrêtés sur le bord de l'autoroute, au beau milieu du Michigan. Des familles d'Américains ordinaires qui n'en croient pas leurs oreilles. «On avait décidé de faire une pause sur l'aire de repos, explique Christine Kajfasz, une infirmière toute excitée. Et puis on a vu débarquer des voitures. Ils nous ont dit qu'Al Gore arrivait en bus et qu'il aimerait bien discuter. Alors, on attend. Moi, vous comprenez, j'ai encore jamais vu quelqu'un d'aussi important.» Deux minutes plus tard, la caravane de bus freine dans la poussière. Le sourire aux lèvres, en bras de chemise dans le froid glacé, Gore se met à serrer frénétiquement les mains qui se tendent. A Christine, qui lui parle de ses parents qui n'arrivent plus à payer leurs médicaments, Gore promet la «fin du tunnel». Gore écoute, répond, prend le temps de s'intéresser. «J'ai besoin de vous, souffle-t-il d'une voix éraillée par le trop plein de meetings. Chacun de vous peut faire la différence.»
Il aura fallu attendre longtemps, mais le Gore nouveau est arrivé. Dans la dernière ligne droite, c'est comme si le vice-président américain avait enfin trouvé l'énergie qui lui manquait. Alors qu'il pointe toujours à quelques encablures derrière George W. Bush dans les sondages, lui ne veut rien entendre. Durant deux jours d'une tournée en bus dans le Michigan et le Wisconsin, dimanche et lundi, le candidat démocrate,
si longtemps critiqué pour son manque de charisme, s'est d