Washington de notre correspondant
George W. Bush, ce n'est pas «Gengis Khan». «D'abord, il ne connaît pas grand-chose, deuxièmement, il est feignant, troisièmement, il évite les confrontations, ce sont plutôt des qualités.» Ralph Nader, troisième candidat à la présidentielle américaine et empêcheur de tourner en rond, caractérisait ainsi mardi George W. Bush. La blague est un peu méchante, mais elle explique paradoxalement le succès du gouverneur du Texas qui, si l'on en croit les sondages, a désormais de bonnes chances à six jours du scrutin de se retrouver à la Maison Blanche. Les Américains connaissent les limites de George W., mais aiment bien ce qu'ils voient.
Ce succès personnel plus que politique du Texan oblige Al Gore à se battre pied à pied pour une élection qui, sur le papier, semblait gagnée pour le démocrate. Jamais, l'Amérique n'a été aussi riche, prospère et heureuse, en paix avec elle-même et sans ennemis réels à l'extérieur. Gore, vice-président actif, peut légitimement se targuer de ses succès. Alors, pourquoi changer une équipe qui gagne? David Broder, l'un des doyens des commentateurs politiques du pays, expliquait hier dans le Washington Post que les Américains veulent à la fois changer les moeurs de Washington, capitale trop partisane à leurs yeux, sans changer la politique du moment, qui leur convient bien. En d'autres termes, un cocktail de Gore, qui représente la continuité mais aussi les mauvais côtés des années Clinton, et de Bush, l'outsider du Texa