Chicago envoyé spécial
L'un est gros, l'autre grand, tous deux regardent le bout de leurs chaussures; ils sont noirs, comme presque tous les élèves. «Comment ca, vous avez fait un trou dans le mur?, s'énerve Michelle Smith, la directrice de ce petit collège de Chicago. Je vais prévenir vos parents qu'ils devront payer la réparation... Sinon, vous ne passerez pas dans la classe supérieure.» Michelle congédie les deux adolescents puis grommelle: «...s'ils ne peuvent pas payer, ces deux-là aideront les ouvriers à réparer.» Sur le mur, il y a un panneau: «Vous êtes responsables de ce que vous apprenez.»
Petite oasis. A part cet incident, l'école est ce matin d'un calme surprenant.ÊDans ce quartier difficile de Chicago (West Side), on s'attendrait à tomber sur des gosses plus insolents. Mais l'Academy of Communication and Technology (ACT) est une petite oasis, une charter school, ces écoles qui font tant couler d'encre aux Etats-Unis où le débat fait rage sur la dégradation de l'enseignement public. Dans la campagne électorale, les charter schools sont le seul point d'accord entre les deux candidats: Bush veut en doubler le nombre et Gore veut les tripler.
Depuis trois ans, ces charter schools, ni privées ni vraiment publiques, prolifèrent. Elles sont créées tantôt par des parents d'élèves dégoûtés des écoles de leur quartier, tantôt par des communautés ethniques, ou encore, comme c'est le cas avec l'ACT, par des professeurs lassés du carcan du système public. A la différence des éc