Pékin de notre correspondant
Monsieur et Mme Liu sont sagement assis sur leur canapé et, plutôt intimidés, répondent aux questions de Mme Wang. Celle-ci, un badge autour du cou, a sorti son crayon, sa gomme et de grands formulaires.
La Chine s'est lancée hier matin dans une opération colossale: un recensement de la première population du monde. Six millions de recenseurs, comme Mme Wang Yu-Lan, se sont mis en route à l'aube et doivent, pendant dix jours, se rendre dans chaque maison, chaque appartement, chaque village de cet immense pays. Mardi soir, entre 21 heures et 1 heure du matin, une première opération a visé les sans-domicile fixe et la «population flottante», ces millions de ruraux qui viennent illégalement tenter leur chance dans les villes plus riches de la côte Est. «Nous sommes allés au marché aux légumes où des paysans viennent vendre leurs produits et restent dormir la nuit», explique Mme Wang.
Les médias et de nombreuses affiches sensibilisent depuis des jours la population sur l'importance de ce recensement, le cinquième depuis la création de la République populaire il y a cinquante et un ans. Il constitue un instrument capital pour contrôler l'évolution d'une population estimée autour de 1,28 milliard d'habitants (Hong-kong, Macao «et Taiwan» non compris, précisent les officiels).
Portrait statistique. Hier matin, lorsque Mme Wang, accompagnée d'une responsable du «comité de rue», a frappé à la porte de M. et Mme Liu, aucune surprise: elles étaient attendues. L