Bangkok de notre correspondant
Moine bouddhiste le jour, colonel des forces spéciales la nuit. Personne ne sait depuis combien d'années Thammathorn Wanchai, de la pagode de Tha Chang, menait une double vie, mais les soupçons des villageois ont été confirmés fin octobre quand le scandale a été étalé à la télévision. Au terme d'une filature policière de plusieurs jours, filmée par une équipe de journalistes, Wanchai a été forcé d'admettre avoir enfreint les règles de la discipline monastique et s'est promptement défroqué pour éviter l'humiliation d'une sanction édictée par la hiérarchie bouddhiste.
Les images sont accablantes: on y voit d'abord le bonze au volant de sa Mercedes quitter son temple pour se rendre dans une ville voisine. Quelques heures après, le même homme, vêtu en colonel des forces spéciales, ouvre la porte de sa garçonnière à deux femmes avec lesquelles il passe la nuit. Le lendemain, le «colonel» Wanchai reprend la route. Arrêté par la police, il est à moitié dévêtu dans la bousculade: sous la veste kaki apparaît l'austère robe safran.
Le cas de Wanchai n'est que le dernier d'une longue série de scandales sexuels ou financiers qui a fortement terni l'image des moines, autrefois révérés. Une dizaine de jours auparavant, un autre bonze, avec perruque et lunettes de soleil, s'était fait surprendre dans un karaoke en train de lutiner les hôtesses de l'endroit. «Quand j'étais jeune, pour traverser un fleuve, nous laissions toujours le bonze monter en premier dans le