Berlin de notre correspondante
Faut-il aimer la bière pour pouvoir vivre en Allemagne? Et un bon Allemand peut-il croire en Allah? Depuis quelques jours, le tourment notoire des Allemands sur eux-mêmes connaît une nouvelle phase aiguë. Tous les journaux se sont remplis de questions aussi graves, accompagnées de photos tentant d'exprimer ce que peut être la culture allemande: Bavarois en chapeau à plume, pavillons de banlieue avec parterres de fleurs et petit toit pour la voiture...
C'est l'opposition chrétienne-démocrate, en mal de thèmes porteurs ces derniers temps, qui a déclenché cette grande crise d'introspection, d'un mot seulement: les étrangers vivant durablement dans le pays doivent s'adapter à la Leitkultur allemande, a lancé Friedrich Merz, chef du groupe parlementaire CDU. Difficile à traduire en français, ce mot veut dire «culture de référence» ou «culture directrice», Leit ayant une connotation autoritaire. Les étrangers en Allemagne doivent non seulement respecter l'ordre constitutionnel et les lois, mais aussi apprendre l'allemand et respecter certaines valeurs comme l'égalité entre hommes et femmes, a développé le nouveau secrétaire général du parti, Laurenz Meyer: «Pour cela, nous ne pouvons pas accepter les mariages forcés entre Turcs.»
Concept flou. A la fois vague et impérialiste, ce concept de Leitkultur a aussitôt déchaîné un tollé. «La direction de la CDU voudrait bien être le bélier conducteur», s'est moqué le secrétaire général du parti social-démocrate