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Libération

Les espoirs perdus de la gauche israélienne.

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Abattement lors de l'anniversaire de la mort de Rabin.
publié le 6 novembre 2000 à 6h11

Tel-Aviv envoyée spéciale

Même les jeunes avaient pris un coup de vieux. Malgré la douceur printanière de la soirée, ils semblaient tous avoir froid, ils semblaient tous fatigués, ceux qui, par dizaines de milliers, étaient venus samedi commémorer à Tel-Aviv l'assassinat par un extrémiste juif de l'ex-Premier israélien Yitzhak Rabin, il y a cinq ans. Après cinq semaines d'affrontements meurtriers entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes, ils ne paraissaient éprouver ni colère, ni passion, ni détermination; juste un grand abattement, une immense confusion. «Plus que Rabin, c'est l'espoir qui manque maintenant à la gauche», affirmait la semaine dernière le quotidien Ha'aretz.

Pérès plébiscité. Ce n'était pas seulement l'homme que chacun pleurait samedi soir en silence, mais aussi son esprit et celui des accords d'Oslo. S'ils avaient tous le mot «paix» à la bouche, c'était pour mieux conjurer le sort. La gauche israélienne affirme y croire encore, mais, au fond d'elle-même, elle n'en est plus très sûre. A l'image de son sentiment pour le Premier ministre, Ehud Barak, qui se considère comme l'héritier de Rabin mais qui, après quinze mois d'un parcours catastrophique, éprouve de plus en plus de difficultés à convaincre. «Le problème de Barak, c'est son manque de vision, Shimon Pérès est bien mieux que lui», notait un quinquagénaire branché. «Il nous faut maintenant un homme avec une vision, il nous faut Pérès», affirmait en choeur un jeune couple d'homos a