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Libération

Ebola, l'autre fléau de l'Ouganda.

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Déjà victime de la guérilla, le nord du pays est ravagé par l'épidémie.
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

Gulu (Ouganda) envoyé spécial

Personne, probablement, ne saura jamais comment Ebola s'est frayé un chemin jusqu'à Alokolum, moins qu'un village, un simple lieu-dit. Personne, jamais, ne pourra retracer comment la fièvre hémorragique, qui a fait 92 morts et infecté plus de 280 personnes depuis la mi-septembre dans la région de Gulu, est venue s'abattre sur Angee Agnes, qui habite l'une des quatre petites cases d'Alokolum, abritées derrière un boqueteau de bambous géants. Mais, à deux heures de marche de la ville, par des pistes semées de fondrières «assez profondes pour engloutir des chèvres, la maladie peut surgir partout», remarque, en sueur, le chef de l'équipe «volante» d'investigation sanitaire, qui court le district à la recherche de nouveaux malades.

A Alokolum, on sait seulement qu'Angee Agnes, 50 ans, cinq enfants et trois petits-enfants, s'est couchée avec une migraine, des douleurs, puis des saignements qui ont attiré l'attention. Vingt-quatre heures plus tard, évacuée vers l'hôpital de Lacor, près de Gulu, elle se débattait entre la vie et la mort dans le pavillon d'isolement, terrassée par la fièvre hémorragique qui, selon l'expression d'un médecin, «liquéfie» le corps par une série d'hémorragies internes et externes. Alors, chez elle, à Alokolum, l'équipe sanitaire traque les signes de contagion parmi ses enfants, qui ont couché jusqu'à la veille aux côtés de la malade dans ses vêtements souillés et mis leurs mains dans les mêmes plats.

La méthode est simple: il s'