Abidjan envoyé spécial
Il y a de quoi avoir peur. Peur de couvrir la Côte-d'Ivoire aujourd'hui. Peur de sortir «et d'être lynché». Peur que les menaces de mort soient mises à exécution. Les attaques contre RFI font rage. «C'est dur, violent, jamais ça n'avait atteint de tels sommets», dit Bruno Minas, qui tient depuis deux ans et demi le bureau à Abidjan. «C'est à l'image de ce qu'on a subi au Rwanda ou au Burundi: on nous traitait alors de génocidaires», estime Jean Helène, venu l'épauler. Notre voie (journal du FPI du socialiste Laurent Gbagbo, nouveau chef de l'Etat) a le premier ouvert le feu, vendredi: «RFI (Radio France internationale) est pire que Radio mille collines.» La référence à la radio rwandaise et sa responsabilité dans ses appels au génocide des Tutsis en 1994, donne le ton. Samedi, le National s'interroge ainsi: «Que veulent ces journalistes assassins?» «Simplement faire notre travail, répond Minas. Refuser d'accompagner la vague nationaliste qui submerge le pays. Et défendre une information libre et indépendante.»
Part du lion. RFI est surexposée. Les radios libres n'ont, jusqu'à présent, pas eu le droit de faire de l'info. L'audiovisuel d'Etat reste englué entre censure et autocensure. Le nouveau pouvoir a promis de desserrer l'étau. En attendant, RFI, troisième radio ivoirienne en terme d'audience, se taille la part du lion. «Jusqu'à 75 % de parts de marché à 6 h 30», dit Minas. RFI donne la parole à tous, raconte en détail et décrypte les faits. Si elle a