Les Américains ont réussi à élire un mort, sénateur dans le Missouri, mais pas un Président. Pour un pays si fier de ses institutions, si attaché à sa Constitution, les ratés de la présidentielle 2000 entachent l'image d'une démocratie parfaite. Pendant quarante-huit heures, le destin politique du pays a été suspendu au décompte d'une poignée de voix en Floride, alors qu'Al Gore devance George W. Bush, de quelque 200 000 voix du suffrage populaire.
Emportements. Cette anomalie du système politique américain, qui donne le pouvoir de choisir le Président aux 50 Etats et non au suffrage universel, a toujours existé. Les pères fondateurs voulaient protéger le peuple de ses emportements mais, cette année, cette étrange méthode touche au coeur du système politique. Le nouveau président, quel que soit le résultat du décompte du sunshine state (la Floride), sera mal élu et sa légitimité entamée par la tragicomédie des 25 «grands électeurs» de cet Etat, attribués puis retirés par les télévisions à chacun des deux candidats en moins de douze heures. Hier matin, le pays se retrouvait avec une vilaine gueule de bois à sa démocratie, journaux et médias, l'Internet compris, étant incapables de trouver un sens à un système apparemment pris de folie.
A l'origine de ce nouveau mal américain, se trouve un pays coupé en deux, incapable de choisir entre Gore et Bush. L'étroitesse des écarts en Floride se retrouve dans de nombreux Etats, comme en témoignent les résultats au Congrè