Quatre fois en ce siècle, l'histoire allemande s'est écrite un 9 novembre, pour le meilleur et pour le pire. En 1918, la première République est proclamée à Berlin, par le social-démocrate Philipp Scheidemann du balcon du Reichstag; un peu plus loin, du château des Hohenzollern, le révolutionnaire Karl Liebknecht proclame la République socialiste. Le 9 novembre 1923, le putsch raté d'Hitler à Munich montre combien cette première République, née de 1918, est fragile. Le 9 novembre 1938 est resté plus encore dans les mémoires, sous le nom de «Nuit de cristal», pour les milliers d'éclats de verre des synagogues et magasins juifs incendiés et pillés cette nuit-là et le jour qui suit. Au moins 91 juifs sont tués et près de 30000 arrêtés dans ce premier déchaînement de violence nazie. Cinquante et un an après cet abîme, un obscur porte-parole du Bureau politique de la RDA, Günter Schabowski, annonce l'ouverture du mur de Berlin, prélude à la chute de la dictature et à la réunification. Trop forte en émotions contraires, cette date n'a pas été retenue comme fête nationale: le 3 octobre, date formelle de la réunification de 1990, lui a été préférée, mais semble avoir du mal à soulever les foules. Quelques voix, à commencer par Joschka Fischer, ont suggéré de faire du 9 novembre la fête nationale: pour oser célébrer la libération de la dictature, l'unité retrouvée, tout en gardant en mémoire les crimes passés. L'idée reste controversée. «Le déclenchement du plus grand génocide» de l'
9 novembre, date symbole.
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par Lorraine Millot
publié le 10 novembre 2000 à 6h24
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