Bethléem envoyée spéciale
Devant la fourgonnette des forces de sécurité, une Israélienne se roule par terre. Dans son uniforme de la police, une jeune fille s'approche, tente de relever la manifestante puis, dans un hurlement, lâche sa charge avant de porter la main à sa bouche. L'autre lui a mordu le doigt. Les pleurs se confondent avec les cris. Les deux femmes sont prestement embarquées dans le véhicule, suivies par les vociférations et les menaces de la foule.
Sans appel. «Quand les Arabes veulent aller prier à la mosquée d'Omar, le gouvernement israélien déploie des forces considérables dans la vieille ville pour les protéger contre les juifs. Mais quand les juifs veulent aller célébrer Rachel, notre mère à tous, on les en empêche, c'est indigne!», hurle Simone, la voix chargée de sanglots. C'était hier, à une centaine de mètres du check point israélien de Bethléem, où la route avait été bloquée par des barrières de police. Dans la nuit, la consigne était tombée des autorités israéliennes, sans appel: les fidèles juifs n'étaient pas autorisés à aller célébrer l'anniversaire de la mort de Rachel, dont la tombe est considérée comme un des lieux les plus sacrés du judaïsme. Et un des plus dangereux.
Enclavée en territoire palestinien, à l'entrée de Bethléem, elle est, depuis le début de la nouvelle Intifada, le théâtre quasi quotidien d'affrontements violents entre jeunes manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes. Le gouvernement Barak avait compris le dang