Les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense, réunis aujourd'hui à Marseille, vont se livrer à un exercice peu commun: le dépeçage d'une organisation internationale moribonde. L'Union de l'Europe occidentale (UEO), compétente en matière de défense, vit ses derniers moments. L'essentiel de ses maigres moyens va en effet être récupéré par l'Union européenne, qui a décidé de se doter de capacités militaires.
Le centre satellitaire de l'UEO, basé à Torrejon (Espagne), va ainsi passer sous la coupe de Bruxelles. Il constitue l'embryon d'une capacité européenne de renseignement spatial. Doté d'un budget de plus de 100 millions de francs, il achète sur le marché civil des photos de satellite d'observation, mais se fournit également en images «classifiées» auprès d'Hélios-1, le satellite espion franco-italo-espagnol. Depuis 1995, ses experts analysent ces images et réalisent une centaine de «dossiers» par an. Ceux-ci doivent permettre aux décideurs européens de se faire une idée plus précise de la réalité sur les terrains de crise, indépendamment des sources américaines.
Une autre institution de l'UEO va intégrer l'Union, le petit Institut d'études de sécurité. Installé à Paris, sous la direction de la française Nicole Gnesotto, il deviendra le centre de réflexion stratégique des Quinze. Ses travaux sont disponibles sur le Web (1). L'état-major de l'UEO, et sa quarantaine d'officiers, disparaîtra au profit du nouvel état-major que l'UE est en train de mettre sur pi