Jérusalem de notre correspondante
Bien sûr, même si l'on ne croit à rien, on ne peut s'empêcher d'y voir un signe. La mort de Léa Rabin, hier, presque cinq ans jour pour jour après l'assassinat de son mari Yitzhak Rabin, cosignataire des accords d'Oslo, se confond tellement avec le délitement en cours du processus de paix commencé par l'ex-Premier ministre que l'on ne peut pas éviter le parallèle. C'est un peu comme si l'ombre de Rabin, qui flottait encore par intermittence entre dirigeants israéliens et palestiniens, s'était définitivement effacée hier, alors qu'Ehud Barak faisait pilonner plusieurs villes de Cisjordanie et que Yasser Arafat appelait à la poursuite de l'Intifada.
Insondable tristesse. Depuis mai, les Israéliens savaient Léa Rabin atteinte d'un cancer du poumon. Depuis le 4 novembre, ils pressentaient son extrême faiblesse. Ce soir-là à Tel-Aviv, sur l'ex-place des Rois, rebaptisée Rabin, à quelques mètres de l'endroit où Yitzhak avait été tué cinq ans plus tôt de trois balles dans le dos par un extrémiste juif, Daliah Rabin, sa fille, avait lu, à la foule rassemblée là en souvenir, un message d'une insondable tristesse de Léa, absente pour cause d'hospitalisation: «Yitzhak, depuis cette nuit [...] de lumière qui s'est terminée dans les ténèbres, j'ai compris la difficulté de supporter la vie sans toi. [...] J'ai continué à tirer cette carriole pour nous tous, [mais] cette année je ne peux pas continuer. J'ai mal comme si la peine de ta perte n'était pas suffi