Bangkok de notre correspondant
En Indonésie, on ne badine pas avec les voleurs de motos. Ceux-ci sont fréquemment battus à mort par la foule, ou, s'ils ont de la chance, passent de longs mois dans les geôles surpeuplées des pénitenciers de l'archipel. Tommy Suharto, le fils cadet de l'ex-dictateur, a été condamné le 22 septembre à dix-huit mois de prison pour avoir grugé l'Etat de quelque 80 millions de francs. Mais, sept semaines après sa condamnation, Tommy, âgé de 38 ans, court toujours. Et les formidables services de renseignements, qui étaient si efficaces du temps de Suharto pour traquer les dissidents politiques, semblent incapables de retrouver la trace de l'un des hommes les plus connus de l'archipel.
Ce n'est pas que les autorités en charge des poursuites contre le fils de l'ex-président soient inactives. Depuis mardi matin, Djakarta est mis sens dessus dessous. Les policiers fouillent les nombreux domiciles du clan Suharto, ratissent les hôtels cinq étoiles et pubs fréquentés par l'élite, et ont même commencé à chercher dans les îles proches de la capitale. La tête de Tommy a été mise à prix: quiconque peut fournir des informations menant sur la piste du play-boy millionnaire recevra quelques liasses de roupies.
Soupçons. Malgré ce déploiement d'activités, le scepticisme commence à prévaloir au sein de la population. Beaucoup se demandent pourquoi Tommy Suharto n'était pas placé sous surveillance, alors qu'il s'est écoulé six semaines entre la condamnation et l'émiss