Prendre les bulletins litigieux un par un. Les lever vers la lumière, les scruter avec attention, discuter. Hier, dans leur bulle (une salle dont les baies vitrées donnent sur la chaussée), les membres de la commission de vérification des élections de Palm Beach ont décidé de reprendre ce matin le dépouillement manuel des quelque 430 000 bulletins de vote exprimés dans ce comté. De ce travail artisanal, qui doit durer quelques jours, peut dépendre le nom du prochain président américain. Celui qui sera majoritaire en Floride ira à la Maison Blanche; or Bush mène jusque-là d'une poignée de voix (388, au dernier pointage).
Pour le gouverneur du Texas, qui sentait déjà l'appétissant fumet de la victoire, ce nouveau dépouillement est un cauchemar. Il tente par tous les moyens de l'arrêter. Son équipe a introduit une action en référé, mais le juge fédéral Donald Middlebrook, à Miami, a refusé hier après-midi d'interdire les opérations de Palm Beach. Les républicains ont parallèlement joué une nouvelle carte: sans attendre le verdict de Miami, l'Etat de Floride, dont le gouverneur est le propre frère de George W. Bush (Jeb), a décrété que le scrutin serait clos aujourd'hui à 17 heures, comme c'était prévu. «Les résultats qui ne seront pas arrivés à 17 heures ne seront pas pris en compte», a prévenu la secrétaire d'Etat de Floride, Katherine Harris, à Tallahasee, la capitale administrative du «Sunshine State».
Les démocrates se sont étranglés: jamais le décomptage des votes de Palm Be