Facatativa envoyée spéciale
La Colombie ressemble parfois à un pays comme les autres. Des enfants lisent Harry Potter et enfilent des masques de Halloween tandis que d'autres, devant les restaurants chic de Bogota, vendent des chickletes à des gardes du corps en costume sombre.
Mais le génie colombien reprend toujours le dessus, dans toute sa criminelle et particulière extravagance. Où, ailleurs dans le monde, les narcotrafiquants sont-ils capables d'ordonner de leur cellule hautement surveillée, la construction de dizaines de tunnels, parfois longs de 200 mètres, pour se faire la belle? Où a-t-on jamais vu construire en douce un sous-marin, à 2 600 mètres au-dessus du niveau de la mer et à plus de 600 kilomètres des côtes?
Par un mercredi de septembre 2000...
L'histoire commence le 6 septembre. La police intercepte une conversation radio qui lui paraît louche. Il y est question d'une «fiesta» à laquelle il faut se rendre de façon «urgente». Le colonel Bonilla met ses hommes sur le coup. «Nous avons d'abord cru qu'il s'agissait d'un groupe armé. C'est une zone un peu particulière, proche de Bogota, explique le chef des forces de police du département, et avec une forte présence subversive: trois fronts des Farc (Forces armées révolutionnaires), un de l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste), et deux des Forces d'autodéfense», autrement dit les milices paramilitaires qui sont devenues un élément clé du conflit colombien. La police repère l'origine de la conversation radi