Bangkok de notre correspondant
Manuel Villar, président de la Chambre des représentants des Philippines, savait que la partie allait être serrée. En quelques minutes toutefois, tout fut terminé. Hier, ne laissant pas le temps aux partisans du président Estrada de réagir, Manuel Villar lit d'une traite la motion d'empêchement à l'encontre du président Joseph Estrada, signée par le tiers requis de membres de l'assemblée, la déclare adoptée, puis abat son maillet, coupant court à tout débat. Consternation dans les travées. Pour la première fois dans l'histoire des Philippines, la Chambre des représentants a adopté une motion de destitution contre un président. Le procès pour détournement de fonds et corruption de Joseph Estrada peut commencer au Sénat. Les opposants au président se congratulent, brandissent le poing, applaudissent. Ses supporters restent éberlués, n'arrivant pas à croire qu'ils se soient faits ainsi bernés. A la sortie, Manuel Villar reconnaît avoir un peu forcé la procédure. «La Constitution est supérieure aux règles de fonctionnement de l'assemblée», se justifie-t-il, visiblement ravi.
Grèves de soutien. Un mois après que le président Estrada a été accusé par l'un de ses ex-lieutenants d'avoir encaissé huit millions de dollars des revenus d'une loterie clandestine, la crise politique entre donc dans sa phase finale. Mais cette phase pourrait traîner pendant des semaines, voire des mois, malmenant une économie déjà exsangue. Une heure après le coup de théâtre à