Sur la peinture bleu pastel, Leonardo DiCaprio peine à étreindre sa partenaire. Déchirée en son milieu, l'affiche de Titanic flotte dans un air saturé d'aigreurs, comme effrayée à l'idée de se détacher du mur et de tomber au sol, où des centaines de poulets caquettent et s'ébattent dans la fiente et les plumes. «C'était la chambre des enfants, nous n'avions pas d'autre choix que d'y mettre la volaille», explique Sélim el-Hussein, 50 ans, les yeux bouffis par le manque de sommeil.
Odeur. Depuis un mois, ce marchand de poulets de Hébron vit avec sa marchandise vivante dans sa petite maison près du marché. Dès le début des affrontements, les Israéliens ont imposé un couvre-feu permanent sur la partie de la vieille ville arabe qu'ils contrôlent. Plongeant du jour au lendemain Sélim et les dizaines de milliers d'habitants palestiniens de cette zone, dite H2, dans une situation impossible. «Au début, on essayait de faire les allers et retours entre la boutique et la maison pour aller nourrir les poulets. Mais les enfants se faisaient battre par les soldats, c'était de plus en plus dangereux. Alors un jour, quand on a vu que la situation allait durer, on a profité de deux heures de liberté accordées par les Israéliens pour transférer les volailles ici. Beaucoup sont mortes, mais celles qui restent, au moins, on peut s'en occuper sans avoir à sortir», explique le marchand. Depuis, les dix enfants de la famille se tassent dans trois pièces que dessert un escalier exté