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Libération

«Ça pouvait arriver partout, mais pas chez nous»

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En Bosnie, les soldats vivent ces péripéties comme une «humiliation».
publié le 15 novembre 2000 à 6h35

Sarajevo envoyée spéciale

Devant un bureau de vote près de Tuzla, en Bosnie-Herzégovine, serpente la file des électeurs qui devaient se prononcer samedi pour les élections générales dans la fédération. L'ambiance plutôt morne s'anime d'un coup lorsque passe un observateur de l'OCDE, chargé de surveiller le scrutin. «Allez plutôt en Floride», lui crie quelqu'un.

Vexation. Un peu plus loin, se gare un blindé américain. Les quelque 6 000 soldats américains constituent le plus gros contingent de la force internationale (Sfor) présente depuis1995. Cette fois, c'est le déchaînement. «Vous venez voir comment on vote proprement dans une démocratie?» Un autre plaisante: «Le problème en Amérique, c'est cette guerre ethnique entre Noirs et Blancs.» On sent chez certains comme une revanche contre «ceux qui, depuis des années, traitent le monde entier comme un zoo», dit ce professeur bosniaque. Devant la base de Tuzla, la plus importante des implantations américaines de Bosnie, le sourire tombe à l'évocation du scrutin: «Cette histoire est horriblement embarrassante. L'humiliation.»

Comble de la vexation, les péripéties du scrutin les ont placés en première ligne, comme tous les résidents américains à l'étranger, qui peuvent faire parvenir leur vote jusqu'à jeudi et ainsi avoir une importance prépondérante en Floride. «Ici, nous sommes devenus un objet de curiosité et nous avons l'air d'abrutis parce que nous sommes incapables d'expliquer quoi que ce soit, s'afflige un gradé dans un bar de