Jérusalem de notre correspondante
Plus encore que les jours passés, la journée d'hier s'est terminée en Israël et dans les territoires palestiniens sur une impression de grande tristesse, et aussi de désarroi. D'abord parce que le lot quotidien de morts ne diminue pas. Au moins huit Palestiniens, souvent très jeunes, ont encore été abattus par les forces israéliennes et des dizaines, blessés au cours d'affrontements. Tristesse aussi à l'occasion des obsèques de Léa Rabin, qui ont donné lieu à une émouvante oraison de Yasser Arafat, exceptionnellement retransmise par la télévision israélienne: «Léa, ma soeur, je te souhaite le repos. Dans les moments difficiles, tu t'es toujours rangée au côté de mon partenaire Rabin.» Tristesse ensuite parce qu'il flottait hier, côté palestinien, un sentiment de rendez-vous manqué. Cette «journée de l'Indépendance», qui commémorait la proclamation symbolique d'un Etat palestinien en exil, le 15 novembre 1988 à Alger, aurait dû célébrer la toute nouvelle indépendance; elle n'a fait que souligner un peu plus l'état d'asphyxie dans lequel se trouvent les Palestiniens, au lendemain du blocus décrété par les Israéliens sur leurs territoires. Enfin, un désarroi immense parce que, près de deux mois après le début du conflit, nul ne semble avoir de stratégie de rechange, chacun paraît tâtonner et décider en fonction des rapports de force du moment.
Embuscades. Yasser Arafat et Ehud Barak continuent à osciller entre violence et apaisement, jouant de l'