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Libération

La guerre des oliviers.

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A Harès, l'armée arrache les arbres. Les enfants, à terrain découvert, seraient la cible des colons.
publié le 17 novembre 2000 à 6h42

Harès envoyée spéciale

De la route, on ne voit que des cailloux, des cactus, des ordures, des fers à béton qui trouent le ciel. Et des oliviers. Des dizaines d'oliviers cul par-dessus tête, racines en l'air, fruits écrasés. Zaher fait doucement glisser sa main sur une branche. «L'agriculteur met 70 ans à faire pousser ses arbres... En une seconde, il ne les retrouve plus.» Il y a trois semaines, les soldats israéliens sont venus arracher les arbres qui entouraient le village palestinien de Harès, au milieu de la Cisjordanie. Zaher sourit: «Il paraît que c'est un arbre terroriste!» Les oliviers poussaient à la sortie du village, le long d'une route empruntée par les colons. «Ils disent que c'est pour protéger les mouvements des colons, pour avoir un angle de vue plus large», raconte un habitant. Une simple «précaution». Pour que les Palestiniens ne se cachent pas pour lancer des pierres sur les voitures des colons.

Provocations. Le problème, c'est que l'angle de vue ainsi dégagé a donné des idées. Vendredi, des colons auraient organisé une descente sur Harès. Ils se seraient postés là où leur route asphaltée croise le chemin principal du village. «J'étais là, je regardais, et tout à coup, je vois quatre ou cinq gosses qui tombent», raconte Zaher. «Il y en avait un, accroché à ce poteau, la jambe explosée par une balle. Un autre, plus âgé, a voulu monter dans une voiture; un sniper lui a tiré dans les couilles, il n'en a plus.» Les jeunes avaient-ils lancé des pierres? Zaher hau