Le plan Colombie met le gouvernement du président Pastrana dans une situation délicate. Jeudi, à la veille de l'ouverture du 10e sommet ibéro-américain, le Panama a invité le 2 janvier cinq pays de la région Bolivie, Brésil, Equateur, Pérou et Venezuela à une réunion consacrée à ce plan antidrogue, appuyé par des fonds, des hélicoptères et des conseillers américains. Les voisins de la Colombie craignent des répercussions à leurs frontières: immigration massive et poussée des narcotrafiquants à l'intérieur de leurs territoires.
L'exclusion de Bogota de ce sommet a provoqué une violente réaction du ministre colombien des Affaires étrangères, habituellement mesuré: «Il s'agit d'un manque de respect à l'égard d'un pays qui a besoin de solidarité et de coopération, et non pas de ce type d'actions.»
Le jour même, Andrés Pastrana avait annulé un voyage en Europe, prévu fin novembre pour y présenter le plan Colombie, afin de tenter de renouer le dialogue avec la guérilla de gauche. Les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), très offensives en prévision d'un plan qu'elles considèrent comme une «déclaration de guerre», avaient brutalement gelé les pourparlers mardi, en représailles après un contact entre le gouvernement et les paramilitaires des AUC (Autodéfenses unies de Colombie).
La volonté des miliciens d'extrême droite de jouer un rôle politique dans le conflit colombien aggrave les tensions. Sans qu'il soit possible de le prouver, c'est sans doute pour avoir ignoré