Pour quelqu'un qui avait maintes fois répété que jamais on ne le prendrait à écrire ses mémoires, le revirement est complet. L'ancien chancelier allemand Helmut Kohl vient d'achever un Journal des années 1998-2000, à paraître le 27 novembre en Allemagne, et annonce qu'il compte s'attaquer à la rédaction de plus vastes «mémoires». Les accusations lancées contre lui ces dernières années étaient trop graves pour qu'il reste plus longtemps silencieux, explique-t-il dans une préface à son Journal, dont l'hebdomadaire Welt am Sonntag a commencé hier à publier les bonnes pages. Pis encore pour l'historien amateur qu'il a toujours été: sa place dans l'Histoire semblait menacée: «une falsification de l'Histoire» était tramée, «une campagne sans pareille», «pour me criminaliser et discréditer mes seize années passées à la chancellerie».
Déception. L'affaire dont il est essentiellement question dans ce Journal est, bien sûr, le scandale des caisses noires de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), qu'il a présidée de 1973 à 1998. Les lecteurs qui attendent encore des éclaircissements sur ces comptes parallèles, créés pour gérer des dons occultes, risquent pourtant d'être déçus. Pour l'essentiel, Kohl ne confesse dans son Journal que ce qu'il a déjà avoué: avoir perçu 2,1 millions de marks (7 millions de francs) de dons occultes, employés au service du parti, mais sans les déclarer. «Je regrette cette faute et je regrette beaucoup d'avoir ainsi nui politiquement à mon parti»