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Libération

La dérobade du président Fujimori au Japon.

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Démissionnaire, le chef d'Etat péruvien s'est retranché à Tokyo.
publié le 21 novembre 2000 à 6h49

Il y a quelques semaines, il dirigeait lui-même, en battle dress, les opérations de recherche de son ex-bras droit, Vladimiro Montesinos, le chef des services secrets (SNI), en fuite depuis la diffusion d'une cassette vidéo le montrant en train de remettre de l'argent à un parlementaire de l'opposition. Alberto Fujimori était alors dans son rôle préféré, devant les caméras de télévision, celui de l'homme d'action qui n'a jamais eu, comme il aimait à le répéter, «la main qui tremble lorsqu'il s'agit de prendre les mesures qui s'imposent pour sauver le pays de l'abîme». Aujourd'hui, le même homme, retranché quelque part à Tokyo, annonce qu'il démissionne plutôt que d'assumer les suites d'une crise dont il est largement responsable.

El Chino, le fils du peuple. La main de Fujimori n'a jamais tremblé tant qu'il s'est agi d'asseoir son pouvoir. Deux ans après son élection, en 1992, il dissout le Congrès pour diriger le pays en quasi-dictateur pendant huit mois, avant de réécrire la Constitution et d'appeler à de nouvelles élections. Mais El Chino, le surnom que lui vaut son ascendance asiatique, et plus précisément japonaise, jouissait encore, alors, de l'image du «fils du peuple» qui, contre toute attente, avait remporté la présidentielle contre «l'élite», l'écrivain Mario Vargas Llosa. Il compense sa conception musclée de la démocratie par des tournées populistes dans les villages, vêtu d'un poncho et coiffé d'un bonnet indien. L'ancien ingénieur agronome donne par ailleurs des