Tallahassee envoyé spécial
Dans un silence de cathédrale, la juge Barbara Pariente s¹est raclé doucement la gorge avant de formuler sa question: «Monsieur, vous venez d¹affirmer la position du gouverneur Bush selon laquelle les recomptes manuels sont défectueux, mais l¹Etat du Texas ne prévoit-il pas d¹opérer des recomptes manuels?» En face, Michael Carvin, l¹avocat du candidat républicain, reste un moment interloqué. «Je ne sais pas, Votre Honneur, je ne suis pas au fait des lois du Texas.»
Durant deux heures et trente minutes hier, devant les caméras du monde entier, la Cour suprême de Floride a tenu l¹audience la plus importante de son histoire. Une audience qui pourrait tout simplement décider de l¹issue de l¹élection présidentielle américaine. Après deux semaines d¹une incroyable bagarre politico-juridique, les sept juges de la plus haute juridiction de l¹Etat devaient ainsi déterminer si les recomptes manuels entamés dans trois comtés locaux majoritairement démocrates seront inclus dans le résultat final, comme le réclame Al Gore. L¹équipe du vice-président estime en effet que, si le processus est avalisé, leur candidat pourra refaire son retard actuel de 930 voix sur le gouverneur du Texas, George W. Bush, remporter les 25 grands électeurs de Floride et finalement entrer à la Maison Blanche en janvier.
Passage au crible. En un après-midi, les sept juges (six démocrates et un indépendant) ont passé au crible les statuts législatifs de Floride, qui précisent les pouvoirs a