Johannesburg
de notre correspondante
A 17 ans, Khadidja connaît par coeur le prix de toutes les drogues. «J'ai commencé avec l'héroïne à 13 ans», explique cette jeune métisse de la ville du Cap. Comme une litanie, elle récite : 5 rands (5 francs) pour un joint, 35 pour un «caillou» de crack, 80 rands pour un gramme de cocaïne.
Khadija a décidé de décrocher. Grâce au Pagad (People against drog and gangsterism), une organisation d'autodéfense d'influence islamiste implantée dans les quartiers métis. Depuis sa création fin 1995, le Pagad s'est mobilisé contre le trafic de drogue qui fait des ravages dans ces ghettos de misère. Mais ce mouvement est aussi en passe de devenir l'ennemi public numéro 1 en Afrique du Sud. Aujourd'hui s'ouvre en effet au Cap le procès de cinq membres du Pagad, arrêtés en février en possession d'un véritable arsenal paramilitaire. Un procès qui ne manquera pas de relancer la polémique sur le rôle du Pagad dans les violences qui frappent la ville du Cap depuis 1998.
«Famille». Soupçonné d'être à l'origine d'une vague d'attentats à la bombe, accusé de meurtres et d'intimidation, le Pagad séduit pourtant une partie de la jeunesse défavorisée des quartiers métis du Cap. «Ils sont comme une famille pour moi», soutient Khadija, qui refuse de croire à la responsabilité du Pagad dans les attentats. «Nous sommes les descendants d'esclaves malais et indiens. Le Pagad a été créé pour servir tout le monde, sans discrimination», renchérit Mariam, une femme au foyer mé