Genève de notre correspondant
Encore installée jusqu'à la fin de l'année dans son bureau du 8e étage, Sadako Ogata, la haut-commissaire aux réfugiés depuis 1990, s'apprête à passer la main au Néerlandais Ruud Lubbers. Un passage de témoin en période délicate. Crise financière, insécurité du personnel, pressions politiques, malaise identitaire, l'agence phare du système onusien est mal en point. «Le 50e anniversaire du HCR n'est pas une occasion de réjouissance», écrit-elle dans le dernier rapport annuel qui vient d'être publié. Le HCR a dû «gérer» les fruits amers de l'après-guerre froide. Ex-Yougoslavie, Grands Lacs, Tchétchénie.. les crises se sont enchaînées, multipliant les missions (le HCR aide plus de 23 millions de personnes), faisant exploser le budget (aujourd'hui, un milliard de dollars), transformant encore plus que jadis l'humanitaire en un enjeu politique.
Cet automne, Ogata avait dû revenir en hâte à Genève pour calmer son personnel qui, brassards noirs et banderoles levées («Nous sommes des professionnels, pas des martyrs de l'humanitaire») défilait, après de nouveaux incidents de sécurité survenus à Timor et en Guinée. «Les pays hôtes sont souvent trop faibles pour assurer notre protection, et l'ONU n'a débloqué un budget relatif à notre sécurité que pour 2002. A nous de prendre des mesures de précaution d'ici là», affirme-t-elle. Pragmatique, elle n'a guère d'états d'âme, du moins publics. Sa révolte, en février 1993, pour dénoncer l'instrumentalisation de l'a