Zagreb envoyé spécial
L'Union européenne a pour Vojislav Kostunica les yeux de Chimène. Aujourd'hui à Zagreb, le «sommet des retrouvailles démocratiques» entre les Quinze et les pays des Balkans ainsi que l'a appelé Hubert Védrine (voir Libération de lundi) va fournir à l'Union une nouvelle occasion de célébrer et soutenir le tombeur de Slobodan Milosevic. Tous les espoirs des Européens reposent sur cet homme. Sans lui, «l'européanisation des Balkans», autre expression du chef de la diplomatie française, sera impossible. Les Quinze n'ont donc qu'un souci: consolider le pouvoir encore incertain du nouveau président de la Yougoslavie.
Car pour l'instant, Kostunica ne préside que la Fédération yougoslave, sans réels moyens de contrôle sur les Républiques qui la composent. «La clé, c'est le gouvernement et le Parlement serbes», rap-
pelle-t-on dans l'entourage de Javier Solana, le haut représentant pour la politique étrangère de l'Union. «Une fois qu'il aura gagné les législatives du 23 décembre, il détiendra un vrai pouvoir.» Même si le président serbe lui restera hostile, Kostunica aura alors la haute main sur le Parlement serbe, et le Premier ministre sera un de ses proches. Il n'est donc pas question de faire quoi que ce soit qui puisse lui compliquer la tâche ou le déstabiliser, au risque de «créer le chaos», explique-t-on à la Commission de Bruxelles. Prêtes à laisser du temps au temps, les capitales européennes se sont gardées de poser des préalables comme le jugement de