Les Haïtiens auront été privés de campagne électorale. Dans les rues de Port-au-Prince, désertées depuis les attentats à l'explosif artisanal des jours précédents, les seules affiches électorales sont celles de Jean-Bertrand Aristide, autrefois prêtre des bidonvilles, aujourd'hui leader de la Famille Lavalas (l'«avalanche», en créole), un mouvement qui s'est réduit au fil des défections à un clan tout-puissant. Retranché dans sa luxueuse résidence des environs de la capitale, celui que ses partisans et ils sont encore nombreux appellent «Titide» n'est même pas apparu pour défendre sa candidature à un deuxième mandat, dimanche. Ç'aurait été du temps perdu. A l'exception de trois candidats inconnus, l'opposition boycotte une élection qualifiée de «farce» et appelle à l'abstention pour barrer la route à «la dictature populaire», pour reprendre les termes de l'ancien ministre de l'Information, Hervé Denis. Si la participation reste l'inconnue, la victoire d'Aristide ne fait aucun doute. Entre la fin de son précédent mandat (1996) et la cérémonie de passation de pouvoir, en janvier, l'actuel président, René Préval, n'aura exercé qu'un intérim.
«Narco-Etat». Dix ans après sa victoire triomphale à une présidentielle qui mettait fin à un régime militaire et au règne sanglant des «tontons macoutes», Jean-Bertrand Aristide reprendra donc vraisemblablement les rênes d'un pays que les policiers chargés de la lutte contre le trafic de drogue qualifient de «narco-Etat», où 85 % de la p