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Libération

L'Espagne durcit sa loi anti-sans-papiers

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Forte de sa majorité, la droite vote seule un texte répressif qui divise le pays.
par Pierre Musso
publié le 25 novembre 2000 à 7h09

Madrid de notre correspondant

Fort de la majorité absolue dont il dispose depuis mars au Parlement, le gouvernement de José Maria Aznar n'a eu aucun mal à faire adopter, vendredi, une nouvelle loi beaucoup plus dure sur l'immigration. Le Parti populaire (PP, centre droit), au pouvoir depuis 1996, revient ainsi sur un texte jugé beaucoup trop libéral, voté en janvier dernier grâce à une coalition de toutes les autres forces parlementaires. La loi, que le PP avait été seul à rejeter, a permis une vague massive d'environ 120 000 régularisations de sans-papiers, sur les 200 000 qui en avaient fait la demande.

Alors que l'immigration est devenue un sujet de plus en plus en sensible en Espagne, après les émeutes racistes d'El Ejido, en février, le gouvernement souhaite endiguer le flux des clandestins qui débarquent quotidiennement sur les plages d'Andalousie et des Canaries, estimant que la loi «trop généreuse» a eu un «effet d'appel». Malgré une série d'amendements imposés par l'opposition, le nouveau texte est nettement plus restrictif: il faut cinq ans de séjour en Espagne (au lieu de deux) pour espérer être régularisé, les visas peuvent être refusés sans justification administrative et tout immigrant peut être rapatrié dans les quarante-huit heures quelle que soit sa situation dans son pays d'origine.

Le Parti socialiste (PSOE) n'a pas été seul à critiquer le nouveau texte. Les nationalistes catalans de CiU et les autonomistes canariens de CC, pourtant alliés politiques du PP, o