Bucarest envoyé spécial
L'échec de la transition roumaine tient en deux chiffres: moins d'un électeur sur deux est allé voter aux élections générales de dimanche; et un quart de ceux qui se sont quand même rendus dans les bureaux de vote ont déposé dans l'urne un bulletin en faveur du leader ultranationaliste, Corneliu Vadim Tudor, du Parti de la Grande Roumanie (PRM). Les autres ont privilégié le PDSR (Parti de la démocratie sociale de Roumanie) de l'ancien président Ion Iliescu, ex-communiste, chassé du pouvoir en 1996 pour son immobilisme et les affaires éclaboussant son équipe. «C'est une pierre tombale sur la révolution roumaine», résume l'écrivain Alexandre Paléologue, autrefois célèbre dissident, mais aujourd'hui accusé, après l'ouverture de dossiers de la Securitate, d'avoir été un «indic» de l'ex-police politique.
Débâcle économique. Onze ans après le renversement de la dictature des époux Ceausescu, les Roumains ne croient plus en rien. Désespérés par la débâcle économique, vivant pour un bon tiers d'entre eux avec un dollar par jour, ils rejettent une classe politique jugée aussi corrompue qu'inefficace. Divisée et décrédibilisée, la coalition de centre droit sortante a été balayée. Seul l'UDMR, le parti de la minorité hongroise, fait comme d'habitude le plein de ses voix (6,7 %). La Convention démocratique de l'ex-président Emil Constantinescu n'aura même pas un représentant dans le futur Parlement, faute d'atteindre le quorum nécessaire. Le Parti démocratique de P