L'événement a été qualifié d'«historique» en Afrique du Sud: dimanche, le quartier de District Six, au Cap, a été officiellement restitué à ses habitants d'origine. «C'est un signal important, nous avons enfin rompu avec notre passé», a souligné le président Thabo Mbeki, invité d'honneur d'une cérémonie fleuve où se sont succédé discours et intermèdes musicaux. La restitution de District Six méritait bien une fête: de 1966 à 1982, près de 70000 personnes ont été chassées de ce quartier sous la pression des bulldozers de l'apartheid. Elles seront relogées en dehors de la ville, dans des ghettos construits de toutes pièces et vite gangrenés par la criminalité. Pour le régime raciste, District Six constituait un abcès insupportable. Un îlot multiculturel où se croisaient ouvriers blancs, Africains, Métis ou Indiens. C'est dans cette ambiance bohème qu'est né le jazz du Cap. Après la destruction, la légende a certes quelque peu magnifié la réalité de la vie d'un quartier pauvre, peuplé aussi de gangsters et de prostituées. Mais, pour les habitants du Cap, District Six était une blessure restée béante. Contrairement à ce qui s'est passé ailleurs en Afrique du Sud, rien ou presque n'a été rebâti sur les ruines du quartier, déclaré «zone d'habitation blanche» par les promoteurs de l'apartheid: «Il y a eu une résistance passive, même parmi les Blancs. A part l'Université technique, aucun projet d'urbanisme n'a pu aboutir», explique Colin Miller du musée de District Six. Aujourd'hui
Un symbole de l'apartheid enterré.
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par Maria Malagardis
publié le 28 novembre 2000 à 7h11
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