Washington
de notre correspondant
Un juge, dans l'histoire de la justice, a-t-il eu plus de responsabilité que N. Sanders Sauls? A Tallahassee, capitale de la Floride, c'est lui que le tirage au sort a désigné pour dire quel sera le prochain président des Etats-Unis. Les avocats de Gore, qui contestent les résultats officiels de Floride (537 voix d'avance pour Bush), lui ont présenté leurs arguments lundi. Ils lui demandent de regarder lui-même les bulletins litigieux de Palm Beach (quelque 4 000 bulletins ont été mis de côté) et ceux de Miami Dade (plus de 10 000 n'ont pas été «lus» par les machines) ou de désigner un arbitre pour le faire.
N. Sanders Saul, 59 ans, est décrit comme un juge rural («folksy»). Démocrate, nommé par un gouverneur républicain en 1989, il est doté d'un bon sens et d'un humour qui a un peu surpris les avocats chic de New York ou de Washington. «Pouvez-vous me procurer une loupe?» a-t-il demandé d'un air matois à David Boies, l'avocat principal de Gore (lire ci-contre) lorsque celui-ci lui a expliqué qu'il aurait à examiner lui-même les bulletins.
Le jugement risque de prendre des jours. Depuis sa résidence de Washington, Al Gore supplie les Américains de patienter. «Un vote n'est pas un morceau de papier. C'est la voix d'un être humain [...]. Ignorer ces suffrages, c'est ignorer la démocratie elle même», a-t-il déclaré lundi soir lors d'une courte et solennelle adresse à la nation. Il avait placé derrière lui huit drapeaux américains, soit six de plus