La soirée électorale aura finalement été plus riche en surprises que les 36 jours de campagne qui l'ont précédée. La victoire du Parti libéral était certes attendue, mais peu d'analystes envisageaient l'obtention d'une majorité aussi confortable à la Chambre des communes: 173 des 301 sièges, soit 18 sièges de plus qu'aux dernières élections fédérales de 1997. Jean Chrétien a donc largement gagné son pari, devenant à 66 ans le quatrième chef de gouvernement de l'histoire canadienne à être majoritairement reconduit pour une troisième fois consécutive. Le principal parti d'opposition, l'Alliance canadienne, n'a pas réussi sa percée dans l'est du pays. Le Bloc québécois a perdu 7 comtés dans la Belle Province, s'y retrouvant du même coup à égalité de sièges avec le Parti libéral. Pour la première fois depuis 1980, celui-ci y obtient même la majorité des suffrages (44 % des voix contre 41 % pour le Bloc).
Si cette éclatante victoire éloigne temporairement les difficultés, elle ne les fera pas disparaître. Car les citoyens qui, par leur indécision et la fragmentation de leur vote, ont donné la majorité à Jean Chrétien, ne cachent pas leur lassitude envers celui qui les gouverne depuis 1993. Soupçonné d'ingérence politique dans sa circonscription, Jean Chrétien fait en outre l'objet de plusieurs enquêtes de la gendarmerie royale du Canada. Les libéraux, qui souhaitent son remplacement par le ministre des Finances Paul Martin, n'attendent qu'un seul faux pas de leur chef pour faire e