Manzini envoyée spéciale
Le Swaziland est coupé du monde. La Fédération des syndicats du Swaziland (FSTU), seule force d'opposition depuis l'interdiction des partis politiques par le roi, voilà vingt-sept ans, a décidé de bloquer pendant deux jours tous les postes frontières du pays. Enclavé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique, le petit royaume, peuplé d'à peine 1,2 million d'habitants, risque de connaître des journées plus chaudes encore que les deux jours de grève générale des 13 et 14 novembre derniers. La grève n'avait été suivie que là où les syndicats sont les mieux implantés, dans les écoles et les usines de sucre. La répression, elle, avait été générale, avec tirs de grenade lacrymogènes, de balles en caoutchouc et coups de matraque sur les manifestants et les passants. Une raison suffisante pour que les Swazi évitent avec prudence de sortir de chez eux. Le blocus des syndicats devrait en revanche fonctionner du côté sud-africain, grâce au soutien offert à la FSTU par le puissant Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu). Or le pays dépend de l'Afrique du Sud pour 65 % de ses exportations et quasiment la totalité de ses importations. Pour la monarchie swazi, l'épreuve de force avec l'opposition monte encore d'un cran.
Arbitraire. C'est l'expulsion de deux chefs traditionnels, en octobre, qui a mis le feu aux poudres. Tout a commencé par une querelle, qui a si bien dégénéré qu'ils ont été tous deux délogés, avec leurs familles, des terres qu'ils occupaient depuis