Le social, avait dit Chirac, devait être «le fil rouge de la présidence française». La Confédération européenne des syndicats, qui compte amener 60000 personnes dans les rues de Nice, le 6 décembre, regardera donc avec attention le résultat du conseil «informel» des ministres des Affaires sociales, qui s'est tenu lundi et mardi sous l'égide d'Elisabeth Guigou à Bruxelles. Celle-ci n'était pas peu fière hier d'avoir arraché un accord sur «l'agenda social européen», qui doit guider l'action des Quinze pour les cinq prochaines années. «On m'aurait dit hier de prendre quelque pari sur un résultat positif dès aujourd'hui, j'aurais été assez dubitative», a déclaré la ministre.
La Grande-Bretagne et l'Espagne faisaient de la résistance contre tout engagement contraignant. Pour les faire céder, la présidence française avait manié la menace, c'est-à-dire convoquer un nouveau conseil mardi prochain, la veille de la manifestation syndicale européenne... mais aussi les concessions. C'est ainsi que deux des principales revendications des syndicats de salariés sont passées à la trappe. Le statut de la société européenne, qui traîne depuis trente ans, n'est toujours pas adopté. Madrid et Londres ont également bloqué un projet de directive sur l'information et la consultation des travailleurs, issue directement de l'affaire Renault-Vilvorde. Cette directive contraindrait les sociétés de plus de 50 personnes à consulter leurs salariés sur les grandes décisions de la vie de l'entreprise. Exit