Dites 133, et, aussitôt, l'alerte rouge est donnée. La France se retrouve comme une île en Europe. Pour Jacques Chirac et Lionel Jospin, réformer «le 133», c'est attenter à l'exception culturelle française. Pour la société civile, c'est brader «aux lobbies des multinationales les services publics santé, éducation et culture abandonnés au bon vouloir d'une Commission européenne dont on connaît les positions ultralibérales» (Susan George, de l'Observatoire de la mondialisation). Qu'y a-t-il derrière cet article du traité sur l'Union qui remonte à 1957? Une exception: le droit de veto des pays membres en matière de services, d'investissement et de propriété intellectuelle. Alors que l'ensemble de la politique commerciale extérieure de l'Union est décidée à la majorité qualifiée au sein du Conseil des ministres, ces trois domaines, marginaux en 1957, relèvent toujours de l'unanimité. Un principe réaffirmé par un arrêt de la Cour de justice européenne en 1994.
Boîte de Pandore. Pour mettre l'Europe sur les rails de la libéralisation du commerce et des services, la Commission milite en faveur d'une réforme du 133, pour que les décisions soient adoptées à la majorité qualifiée (soit les deux tiers des voix). La proposition sera sur la table du sommet de Nice. Les plus critiques y voient l'ouverture d'une boîte de Pandore qui permettrait à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), via l'AGCS (Accord général sur le commerce des services), de rogner sur les services publics. Surto