Beyrouth de notre correspondante
Si Damas rejette toujours catégoriquement tout retrait de ses troupes au Liban, la présence militaire syrienne dans ce pays est de plus en plus ouvertement débattue par la classe politique depuis le retrait israélien du sud du Liban, en mai et surtout du décès, en juin, de Hafez el-Assad. A la surprise générale, l'un des proches alliés de la Syrie sur la scène libanaise, Nabih Berri, le président (chiite) du Parlement, a même déclaré la semaine dernière que Beyrouth et Damas allaient en discuter, s'attirant un rappel à l'ordre du pouvoir syrien. Chef de l'Eglise maronite (catholique), le cardinal Nasrallah Sfeir est devenu le fer de lance de l'opposition chrétienne à la mainmise de Damas qui maintient 35 000 soldats dans son pays. Le Conseil des évêques a publié le 20 septembre un long réquisitoire contre la Syrie. Et, le prélat lui-même a mis en garde contre un nouvel «Anschluss» qui menace selon lui le Liban. Interview.
Jamais depuis la fin de la guerre, en 1990, le Conseil des évêques maronites n'avait été aussi virulent envers la Syrie. Pourquoi?
La situation est désormais intenable. Nous avons tiré la sonnette d'alarme à la suite des législatives de cet été, qui n'étaient pas libres. Vingt-quatre ans après l'entrée au Liban des troupes syriennes, il est temps de dire notre mal. Le Liban n'est ni indépendant ni souverain. Il ne jouit d'aucune liberté de décision. Rien ne s'y fait sans l'aval syrien. Tout se passe comme si le Liban n'existait