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Libération

Allemagne : le crime etait trop parfait.

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Le meurtre «raciste» d'un enfant ne serait qu'un montage.
publié le 2 décembre 2000 à 7h25

Sebnitz envoyée spéciale

Sur la grand-place de Sebnitz ce vendredi, on décore le sapin de Noël. L'arbre se dresse au milieu des quelques grandes maisons bourgeoises de la place, fraîchement repeinte de couleurs pastel, comme pour rappeler les bonnes vieilles traditions de la ville: celle d'une brave bourgade industrieuse de l'est de l'Allemagne, qui fit jadis fortune dans la confection de fleurs artificielles et tente tant bien que mal, depuis la réunification, de se reconvertir dans le tourisme.

Autour de l'arbre, deux corps étrangers rappellent vite pourtant que cette annonce est un peu forcée. Un car de police, dépêché tout exprès de Dresde, veille jour et nuit pour que plus un skinhead ne se fasse remarquer dans les parages. Caméra à l'épaule, des groupes de journalistes traquent les badauds pour raconter la suite de la fiction qu'ils ont déroulée ici depuis une semaine. En l'espace de quelques jours à peine, l'ancienne capitale de la fleur artificielle s'est retrouvée ville de l'infâme, accusée du plus horrible des crimes, puis ville victime, diffamée à tort par une horde de médias assoiffés de sensationnel. Un violent chaud-froid d'émotions que les passants rencontrés ce vendredi semblent encore loin d'avoir surmonté.

«Nous ne sommes pas de Sebnitz», réagissent les premiers abordés, avouant ensuite qu'ils habitent à deux ou trois kilomètres de là. «Nous devons faire attention à ce que nous disons», «surtout face aux médias», disent deux autres retraités, un regard soupçon