Bangkok de notre correspondant
Au Viêt-nam, on les appelle les «visages-culs de poule». On les méprise davantage encore en Corée du Sud où ils sont ostracisés, de la cour de récréation jusque dans leur carrière professionnelle, puisqu'ils ont «trahi le sang». Tout au contraire, en Thaïlande, les Louk Kreung les «enfants-moitié», c'est-à-dire issus de couples mixtes thaïlandais-occidentaux fascinent. Ils envahissent les plateaux de télévision, monopolisent les rôles dans les feuilletons à l'eau de rose, peuplent les défilés de mode de leur distinction venue d'ailleurs. Dans certaines séries télévisées racontant les péripéties des familles bourgeoises thaïlandaises, la quasi-totalité des acteurs sont d'origine eurasienne ou amérasienne.
«70 % de nos chanteurs et de nos acteurs sont des métis», reconnaît Anuchar Langprasert, responsable du recrutement à RS Promotion, l'une des plus grosses sociétés de production audiovisuelle thaïlandaises. Comment expliquer cette omniprésence des Louk Kreung alors même que, dans un passé récent, ces enfants étaient parfois mal considérés, notamment pendant la guerre du Viêt-nam quand les soldats américains venaient se «détendre» dans les stations balnéaires thaïlandaises?
Idéal esthétique. Cette attirance des Thaïlandais s'explique avant tout par leur fascination pour l'apparence physique des Louk Kreung. Avec leur peau claire, leur visage ovale et leur nez bien dessiné, les Eurasiens incarnent aux yeux des Thaïlandais un idéal esthétique que