Le passé a finalement rattrapé Augusto Pinochet. Vendredi, le juge Juan Guzman Tapia, magistrat de la cour d'appel de Santiago, a inculpé l'ex-dictateur chilien pour les crimes commis par la «caravane de la mort». Cette unité militaire a exécuté sans jugement 75 prisonniers politiques en 1973. Dans la foulée, Pinochet a été assigné à résidence. Le juge Guzman a estimé que le vieux général, aujourd'hui âgé de 85 ans, avait été l'«auteur intellectuel» et le «coauteur» de ces crimes, a expliqué José Galeano, le représentant des proches des 75 victimes.
La Cour suprême du Chili s'était déjà déclarée convaincue, le 8 août, de la responsabilité de Pinochet dans ces exécutions survenues peu après le putsch du 11 septembre 1973 contre le président socialiste Salvador Allende. La cour avait alors levé l'immunité parlementaire de Pinochet, acquise en mars 1998 lorsqu'il était devenu sénateur à vie après avoir quitté le commandement de l'armée.
Accusé de la disparition ou de la mort de 3 197 opposants politiques sous son régime (1973-1990), le général Pinochet était rentré le 3 mars à Santiago, après 503 jours de détention à Londres, où il était retenu à la demande de la justice espagnole qui souhaitait le juger pour ses crimes.
L'ancien homme fort de la junte militaire fait actuellement l'objet de 180 plaintes déposées au Chili par des proches des victimes, qui sont toutes examinées par le juge Juan Guzman Tapia. «C'est un pas positif pour la justice universelle et pour les citoyens chil