Rarement mutisme officiel aura été aussi pesant. Depuis le lancement, en France, du débat sur la pratique de la torture par l'armée coloniale pendant la guerre d'indépendance, les dirigeants algériens observent un «silence sépulcral», pour reprendre les termes du quotidien El Watan. Une attitude d'autant plus surprenante que ces derniers n'ont jamais manqué de fustiger les méfaits de l'ancienne puissance coloniale au cours des multiples crises diplomatico-politiques qui ont émaillé les relations algéro-françaises. Et que le président algérien Abdelaziz Bouteflika s'était étonné il y a quelques mois, au cours de sa visite officielle à Paris, que la France n'assume pas davantage son histoire coloniale.
Discussion explosive. Tout se passe comme si les «décideurs» algériens, comme on appelle la poignée de généraux qui exerce la réalité du pouvoir à Alger, redoutaient que l'ampleur prise par une controverse sur le passé conduise à ouvrir le débat... sur le présent. «Ils ne craignent pas réellement que cette affaire dérive sur une mise en cause des pratiques du FLN pendant la guerre de libération car, n'y ayant pas participé, ils ne seraient pas éclaboussés par une polémique de ce genre», estime Saïd, un ancien «moudjahid» (combattant) de la première heure dans les maquis de l'Armée de libération nationale (ALN). Comme en écho, Le Quotidien d'Oran remarque: «Il y a quinze ans, [les] déclarations d'anciens bourreaux du peuple algérien auraient suscité une tempête émotionnelle. Mais