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Libération

Abidjan s'enflamme pour Ouattara

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Bilan: au moins trois morts. L'état d'urgence est décrété.
publié le 5 décembre 2000 à 7h32

Abidjan de notre correspondante

«Vous voyez ça? Tout ça, c'est Burkinabè! Nous sommes tous des Burkinabè aujourd'hui!» D'un geste de la main, Sidi embrasse les abords du stade Houphouët-Boigny, le plus grand d'Abidjan. Ils sont des milliers sur le boulevard qui borde la lagune, partis tôt le matin des quartiers populaires, Treicheville, Adjamé, Abobo. Sidi a une vingtaine d'années, le visage passé au charbon et une couronne de feuillage sur le front. Dès qu'il commence à parler, une foule hurlante de jeunes en survêtement et tongs en plastique se déchaîne. «On n'en veut pas de négociations! Alassane doit être candidat, un point, un trait! Sinon, les élections n'auront pas lieu le 10 décembre, on va rester là, on va pas bouger avant que le pouvoir reconnaisse qu'il est ivoirien.»

Depuis le matin, les militants du Rassemblement des républicains (RDR) d'Alassane Ouattara se regroupent autour du stade, mais refusent d'y pénétrer. «Ils vont nous encercler et nous tuer, lance une dame qui est venue avec ses filles, je préfère attendre que la direction arrive avant d'entrer.» Dans la nuit de dimanche, le président socialiste Laurent Gbagbo et la direction du RDR ont trouvé un compromis, alors que la marche de protestation contre le rejet de la candidature Ouattara aux législatives avait été interdite quelques heures plus tôt. Après quatre heures de discussion entre le chef de l'Etat et Henriette Diabaté, numéro deux du parti, le RDR a accepté de remplacer la manifestation par un meet