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Libération
Interview

«Au Maroc, ce n'est jamais le moment de débattre»

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publié le 5 décembre 2000 à 7h31

Qui vous a signifié l'interdiction d'«Assahifa» et du «Journal»? Nous n'avons reçu aucun courrier, aucune convocation, et l'avons appris comme tout le monde, par la presse et la télévision. A l'aéroport de Casablanca, il a seulement été dit à la personne chargée de récupérer les journaux (l'hebdomadaire est imprimé en France, ndlr) de s'adresser au commissariat central.

La réaction très dure du gouvernement s'explique-t-elle par le fait que le dossier publié par «le Journal» touche aux relations complexes existant entre la gauche et la monarchie?

Nous avons effectivement révélé un aspect du compromis que la direction de l'USFP (Union socialiste des forces populaires) a passé avec la monarchie de Hassan II et qui est très mal accepté par les militants de cette formation. Ces derniers ne comprennent pas que leur direction ait pu, un jour, penser construire quelque chose de durable avec un homme comme Oufkir, qui avait été impliqué dans l'assassinat de Mehdi Ben Barka (le leader de la gauche, ndlr). Mais ce n'est pas la seule explication. Assahifa a ouvert ses colonnes aux contestataires de l'USFP, leur permettant de s'exprimer alors qu'ils sont totalement muselés dans leur parti. Je crois aussi que nous dérangeons beaucoup de gens... Nous sommes totalement boycottés par la presse officielle et par les télévisions. Je n'en veux qu'un seul exemple: la RTM (Radio Télévision marocaine) diffusera aujourd'hui une émission avec cinq directeurs de publication: nous n'avons pas été invit