Moscou de notre correspondante
Les héros de l'ère Eltsine, ces businessmen parvenus en quelques années au faîte de la fortune et du pouvoir grâce à leurs connexions ou à leurs muscles, ont désormais du plomb dans l'aile. Et nulle affaire n'illustre mieux la chute des patrons vedettes de la transition russe hommes aux carrefours de la politique, des affaires et du crime que celle d'Anatoli Bykov, ex-boxeur et ex-baron de l'aluminium, qui vole depuis près d'un an de prison en prison, aux prises avec une justice peu respectueuse du droit.
Mise en scène. Au premier regard, on se croirait dans un polar. Libéré à la fin de l'été sur intercession de plusieurs députés, Bykov est réincarcéré le 4 octobre pour avoir, dit-on, commandité à Moscou l'assassinat d'un rival. Les télévisions sont là: elles filment la police évacuant le corps recouvert d'un drap blanc et les taches de sang retrouvées à proximité de son appartement, elles interrogent le médecin légiste qui a pratiqué l'autopsie et décrit avec force détails les blessures de la victime, l'homme d'affaires Pavel Strouganov, plus connu sous le sobriquet de «Pacha Musique et Lumières». Pourtant, quelque chose cloche: la famille ne se rend pas au funérarium.
En fait, il s'agit d'une mise en scène, la police reconnaît qu'elle s'est servie d'un subterfuge pour confondre le commanditaire auquel «l'assassin» aurait rapporté la montre de la victime, signe convenu du contrat criminel rempli. Or la montre a été retrouvée chez Bykov. La vi