A quatre jours des élections législatives, un calme précaire était revenu hier à Abidjan après deux jours de violences et l'intervention musclée des forces de l'ordre.
Abidjan de notre correspondante
Penché en avant, l'homme déblaie les cendres noires. Les restes de son magasin fument encore : des tasseaux carbonisés et de la tôle fondue. Plus de traces des pièces de ferraille récupérées sur les carcasses de voitures dans cette immense casse du quartier d'Adjamé, en plein coeur d'Abidjan. «J'étais à la maison quand ça s'est passé. Je suis arrivé ce matin. J'ai tout perdu, tout.»
Un peu plus loin gît un cadavre. Vakaba, un étudiant, travaillait dans la boutique de son père mardi soir. «Les policiers et les gendarmes ont mis le feu vers 21 heures. J'ai pris un seau pour éteindre, ils m'ont empêché en me pointant avec leur armes. Ils ont dit aux pompiers de repartir.» Les ferrailleurs opinent du chef. Ici travaillent beaucoup d'étrangers. «Nous sommes des Guinéens, des Maliens, des Burkinabè. Les élections-là, ça nous regarde pas. On nous attaque parce que nous parlons la même langue que le dioula (la langue des musulmans du Nord, ndlr)», affirment-ils. Un Ivoirien s'énerve. «Il n'y a pas que des étrangers ici ! Mais on ne fait pas de politique. En fait, on a donné l'ordre de tuer tous les musulmans !»
Le ministre de l'Intérieur accuse les partisans de l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, en majorité des Dioulas, d'avoir tenté de prendre le pouvoir par les armes. Et a «seul