Washington de notre correspondant
Il y a des signes qui ne trompent pas. Par décence et par «respect» pour Al Gore, George W. Bush continue de demander à ses gens de l'appeler «gouverneur» et non «monsieur le président élu». Mais lui-même a du mal à suivre cette humble discipline : mardi, devant la presse, en parlant de son colistier, il a parlé à deux reprises du «vice-président Cheney», sans comprendre, sur le coup, pourquoi les journalistes écarquillaient les yeux avec de grands sourires amusés.
Dans la tête de Bush, désormais, la messe est dite. Jusque-là, lorsqu'il préparait la transition, c'était avec une ostentation calculée. Il s'agissait d'accentuer sa position de «tenant du titre» dans la guerre des relations publiques contre Gore. Mais depuis qu'un juge de Floride a interdit, lundi, qu'on jette un nouveau coup d'oeil dans les urnes, Bush est plus tranquille et il se prépare vraiment à gouverner. Chaque jour, depuis mardi, il a droit au rapport de la CIA : c'est le vice-président Al Gore lui-même qui, élégant, a proposé cette formule. Hier et avant-hier, Bush a passé beaucoup de temps avec Condoleezza («Condi») Rice, l'universitaire noire de Stanford qui l'a conseillé sur les questions de politique étrangère pendant toute la campagne et qui devrait être sa conseillère pour la sécurité nationale. «Nous avons parlé de commerce international et des grandes priorités», a résumé hier Bush. Jusque-là, il n'a annoncé qu'une nomination, celle d'Andrew Card au poste de chief