Une procédure de destitution du président Joseph Estrada doit s'ouvrir aujourd'hui devant le Sénat philippin, constitué pour l'occasion en tribunal. Accusé de corruption, détournement d'argent, violation de la Constitution et trahison de la confiance publique, il est le premier chef d'Etat en Asie à faire l'objet d'une telle procédure ; s'il est condamné, il devra quitter ses fonctions. Estrada doit notamment répondre devant les vingt-deux sénateurs-juges des accusations formulées à son encontre par un de ses anciens acolytes, le gouverneur Luis Singson, affirmant qu'il aurait encaissé 8 millions de dollars sur les revenus du jueteng, une loterie clandestine très populaire. Le procès se déroule selon le modèle de celui du président américain Bill Clinton dans l'affaire du Monicagate, la seule différence étant que Joseph Estrada doit en principe comparaître en personne pour une audition de quelques minutes devant les sénateurs. Parmi les témoins appelés à la barre : la femme du Président, Luisa Ejercito, un de ses fils, cinq de ses maîtresses, un ancien chef de la police ainsi que la comptable accusée d'avoir distribué des pots-de-vin à certains assistants présidentiels. Jusqu'au dernier moment, les avocats de Joseph Estrada se sont battus pour bloquer la comparution des «femmes du Président». Mais les sénateurs sont inflexibles : les maîtresses sont des témoins cruciaux, car certaines des transactions illégales se seraient déroulées dans les somptueuses villas où elles habit
Le président philippin jugé.
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par Arnaud Dubus
publié le 7 décembre 2000 à 7h38
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